Fulgens avait
l'air d'un très vieil homme. En réalité, il n'était
pas très âgé mais un souci perpétuel avait courbé,
voûté ses épaules; ses yeux semblaient toujours
guetter je ne sais quoi de merveilleux et
d'insaisissable; ses mains aux doigts longs et
d'aspect adroit s'étendaient souvent, à la fois
rapides et prudentes, comme pour attraper
sournoisement quelque chose d'agile, de fragile et de
momentanément posé. Toujours habillé de brun, il
mettait des cravates orange, mordorées ou pourprées,
dont la tache vive éclatait comme l'ocellure d'une
aile sombre, et ses chapeaux étaient en feutre velus,
rappelant le corps duveteux de certains papillons.
Fulgens avait, d'ailleurs, une vague ressemblance avec
ces nocturnes sphynx qui tournoient longuement, ahuris
et fous, autour d'une flamme qui les tente autant
qu'une brûlante corolle.
Fulgens rentrait souvent chez lui, après de longues
courses, chargé de petits paquets qui devaient
renfermer des objets très rares, si l'on en croyait la
façon dont il les portait.
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Fulgens sembrava
un uomo molto vecchio. Veramente la sua età non era
così avanzata, ma una preoccupazione continua aveva
pesato sulle sue spalle e le aveva chinate; i suoi
occhi sembravano sempre alla ricerca di qualcosa di
meraviglioso e inafferrabile; le sue mani dalle dita
lunghe e abili si protendevano spesso, al tempo stesso
rapide e caute, come per afferrare furbescamente
qualcosa di agile, fragile e per poco fermo. Sempre
vestito di marrone, indossava cravatte arancioni,
bronzee o cremisi, le cui macchie luminose brillavano
come le ferite di un'ala scura, e i suoi cappelli
erano fatti di feltro peloso, che ricordava il corpo
lanuginoso di certe farfalle. Inoltre, Fulgens aveva
una vaga somiglianza con quelle sfingi notturne che
girano a lungo, disorientate e folli, intorno a una
fiamma che le tenta quanto una corolla ardente.
Fulgens tornava spesso a casa dopo lunghi viaggi,
carico di piccoli pacchi che dovevano contenere
oggetti molto rari, a giudicare dal modo in cui li
trasportava.
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Parfois aussi, il partait pour de
longs voyages et il revenait à l'improviste sans avoir
prévenu son fidèle serviteur. Alors, son premier mot à
celui-ci était pour recommander de déballer avec grand
soin le contenu de certaines caisses, et son premier
regard pour de grands meubles à mille tiroirs plats
qui garnissaient tout le tour de sa chambre et de
plusieurs autres pièces. Fébrilement, il tirait de ses
poches des trousseaux où tintaient de petites clés
d'or et d'argent, et il ouvrait la première serrure,
puis tirait à lui une sorte de grande planchette sur
laquelle s'étalaient, en bon ordre, dans leurs petits
cercueils blancs aux transparents couvercles de verre,
des papillons innombrables, de toutes formes, de
toutes couleurs, de tous pays. Fulgens, heureux et
rouge, anxieux, s'absorbait dans une contemplation
sans fin. Il prenait l'une ou l'autre de ces petites
boites et faisait miroiter à la lumière les pierreries
des précieuses ailes mortes. Et il parlait tout seul,
marmottant pendant des heures : « Je n'ai pas le rouge
! Je n'ai pas le rouge ! »
Quand Fulgens était encore presque un enfant, il avait
une amie de son âge et il la chérissait d'une
tendresse sans bornes, l'admirait telle qu'une fée,
l'adorait plus qu'une idole alors qu'elle n'était
qu'une gentille poupée. Il lui donnait tout ce qu'il
pouvait trouver dans la nature de beau et de charmant
comme elle. Courbé sur les longues grèves humides et
moirées, il lui ramassait des coquillages. Il lui
cueillait des fleurs ; il lui apportait des nids et de
jeunes oiseaux ; et toujours pour elle, il poursuivait
les papillons diaprés. Elle préférait les papillons à
toutes choses. Pour lui plaire, bien qu'il ne fût pas
méchant, Fulgens les attrapait par l'extrémité de
leurs belles ailes et les lui apportait, palpitantes
proies. Et elle, avec un sourire naïvement cruel, les
transperçait d'une longue aiguille, et, curieusement,
les regardait mourir. Or, un jour que Fulgens lui
montrait, prisonnier dans ses doigts à demi refermés,
un de ces minuscules papillons bleus qui semblent des
myosotis ou des fleurs de lin arrachées par le vent,
elle le refusa avec une moue dédaigneuse.
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A volte, inoltre, partiva per
lunghi viaggi e tornava inaspettatamente senza
avvertire il suo fedele servitore. La prima parola che
rivolse al suo fedele servitore fu quella di
raccomandargli di disfare con grande cura il contenuto
di alcune scatole, e il suo primo sguardo fu rivolto
ai grandi mobili dai mille cassetti piatti che
tappezzavano la sua camera da letto e diverse altre
stanze. Febbrilmente, estrasse dalle tasche un mazzo
di piccole chiavi d'oro e d'argento, aprì la prima
serratura e poi tirò fuori una specie di grande tavola
su cui, in bell'ordine, nelle loro piccole bare
bianche con i coperchi di vetro trasparente, erano
disposte innumerevoli farfalle di ogni forma, colore e
paese. Fulgens, felice e ansioso, si assorbiva in una
contemplazione senza fine. Prendeva l'una o l'altra di
queste scatolette e lasciava che la luce risplendesse
sulle preziose ali morte. E parlava da solo,
borbottando per ore: “Non ho quella rossa! Non ho il
rosso!
Quando Fulgens era ancora quasi un bambino, aveva
un'amica della sua stessa età e l'amava con una
tenerezza sconfinata, l'ammirava come una fata,
l'adorava più di un idolo anche se era solo una dolce
bambola. Le regalava tutto ciò che riusciva a trovare
in natura che fosse bello e affascinante come lei.
Piegandosi sulle lunghe rive umide e moiré,
raccoglieva conchiglie per lei. Raccoglieva fiori per
lei; le portava nidi e uccellini; e sempre per lei,
inseguiva le farfalle che turbinavano. Lei preferiva
le farfalle a qualsiasi altra cosa. Per compiacerla,
anche se non era malizioso, Fulgens le afferrava per
la punta delle loro belle ali e le portava a lei,
preda emozionante. E lei, con un sorriso ingenuamente
crudele, le infilzava con un lungo ago e, curiosa, le
guardava morire. Un giorno, quando Fulgens le mostrò
una di quelle minuscole farfalle blu che sembrano
nontiscordardime o fiori di lino soffiati dal vento,
intrappolate nelle sue dita semichiuse, lei la rifiutò
con un broncio sdegnoso.
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« Tu m'apportes toujours les mêmes
papillons, dit-elle, moi, j'ai envie d'un papillon
rouge... couleur de sang. »
Il chercha pendant de longues journées un papillon
rouge et ne le vit jamais. Et sa petite amie se
moquait de lui, adorablement impitoyable. Et, sur ces
entrefaites, les parents de la fillette vendirent la
propriété qu'ils habitaient tout près de la maison de
Fulgens et s'en allèrent... ailleurs... très loin...
Le pauvre Fulgens éprouva le chagrin le plus amer.
Régulièrement, il écrivait à son amie. Au commencement
de leur séparation elle lui répondit; mais un jour
vint où il n'y eut plus aucune lettre d'elle; la
dernière lettre reçue se finissait par cette phrase
capricieuse: « Adieu, Fulgens, sans doute ne te
reverrai-je plus... car je ne veux te revoir que
lorsque tu auras trouvé le papillon rouge. »
Fulgens manqua mourir de désespoir et de précoce
amour. Dans le délire et dans la fièvre de sa si
longue maladie, il répétait comme un refrain : « Un
papillon rouge... un papillon rouge. » Et il voulait
s'élancer hors de son lit pour s'emparer d'un
imaginaire être ailé.
Il guérit, mais resta toujours misérable et faible
d'esprit. Il n'aimait plus rien, ni personne, excepté
les papillons. La mort de ses parents ne lui fit
presque pas de peine ; ils lui laissaient une assez
grosse fortune avec laquelle il put satisfaire ses
goûts : voyager et collectionner des papillons.
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"Mi porti sempre le stesse
farfalle", disse, ‘ma quello che voglio è una farfalla
rossa, del colore del sangue’.
Trascorse molti lunghi giorni alla ricerca di una
farfalla rossa, ma non la vide mai. La sua ragazza
rideva di lui, adorabilmente spietata. E nel
frattempo, i genitori della ragazza vendettero la
proprietà in cui vivevano vicino alla casa di Fulgens
e si trasferirono... altrove... lontano... Il povero
Fulgens soffrì amaramente. Scriveva regolarmente al
suo amico. L'ultima lettera che ricevette si
concludeva con questa frase capricciosa: “Addio,
Fulgens, forse non ti rivedrò mai più... perché non
voglio rivederti finché non avrai trovato la farfalla
rossa”.
Fulgens quasi morì di disperazione e di amore precoce.
Nel delirio e nella febbre della sua lunga malattia,
ripeteva come un ritornello: “Una farfalla rossa...
una farfalla rossa”. E voleva saltare dal letto e
afferrare una creatura alata immaginaria.
Si riprese, ma rimase infelice e debole di mente. Non
amava più niente e nessuno, tranne le farfalle. La
morte dei genitori non lo sconvolse più di tanto; gli
lasciarono una fortuna abbastanza grande da
permettergli di soddisfare il suo desiderio: viaggiare
e collezionare farfalle.
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Il parcourut les plus chaudes
contrées, les plus exotiques, les plus lointaines, et
de toutes, il rapportait des papillons merveilleux
qu'il achetait aux marchands ou aux indigènes, et
aussi qu'il chassait lui-même sans souci de la fièvre
et du soleil, aux heures les plus chaudes où les ailes
les plus étincelantes se posent sur les plus larges
fleurs. Oh ! ne trouverait-on pas, dans un coin du
monde, le papillon rouge de ses rêves ? Sans doute, il
devait exister, ce papillon qui s'obstinait à fuir le
désir d'un pauvre homme à moitié fou. Fulgens en
possédait bien couleur de brique claire, ou semés de
taches pourprées, d'orangés ou de teintes feu. Mais le
papillon entièrement pourpre, couleur de sang, comme
une quadruple goutte énorme, à la fois vive et sombre,
il ne pouvait réussir à le trouver.
Il connaissait toutes les boutiques de Paris, et
celles de Londres, et celles des autres villes où l'on
vend des lépidoptères précieux. Il visita les
collections fameuses ; à travers le monde il vagabonda
; il alla au Japon, en Chine, aux Moluques, aux
Antilles, dans le Sud américain, en Afrique, en
Océanie. Et je ne sais s'il fut poursuivi par une
malchance spéciale ou s'il n'existe point de papillons
couleur de rubis volant, de papillons nés du doigt
blessé de l'enfant amour comme les anémones du sang
d'Adonis naquirent, mais jamais, jamais Fulgens ne le
découvrit.
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Viaggiò
nei luoghi più caldi, più esotici e più remoti, e da
tutti riportò meravigliose farfalle che acquistò da
mercanti o indigeni, e che cacciò lui stesso senza
preoccuparsi della febbre o del sole, nelle ore più
calde quando le ali più scintillanti si posano sui
fiori più grandi. Non troveremmo forse, in qualche
angolo del mondo, la farfalla rossa dei suoi sogni?
Senza dubbio, la farfalla che ha evitato
ostinatamente il desiderio di un povero uomo mezzo
pazzo deve esistere. Fulgens ha avuto la sua parte
di farfalle chiare color mattone, o con macchie
rosse, arancioni o infuocate. Ma non era riuscito a
trovare una farfalla interamente cremisi, del colore
del sangue, come un'enorme goccia quadrupla, sia
luminosa che scura.
Conosceva
tutti i negozi di Parigi, Londra e altre città dove si
vendevano preziosi lepidotteri. Ha visitato le famose
collezioni; ha girato il mondo; è stato in Giappone,
in Cina, nelle Molucche, nelle Indie Occidentali, in
Sud America, in Africa e in Oceania. E non so se fu
perseguitato da una particolare sfortuna o se non
esistano farfalle del colore dei rubini volanti,
farfalle nate dal dito ferito del figlio dell'amore
come gli anemoni nati dal sangue di Adone, ma mai, mai
Fulgens lo scoprì.
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Un jour, après avoir très
longuement considéré le Tachyris Zarinda et le
Tachyris Nero qui sont des papillons de Bornéo, de
taille moyenne et d'un joli rouge brique clair, après
s'être demandé s'ils pouvaient passer pour des
papillons rouges couleur de sang, il se décida à les
envoyer à son amie de naguère. À celle-là qui régnait
sur sa vie avec son aspect enfantin de fragile et
tyrannique poupée, à celle-là qui, pourtant, était
vieille ou bien morte et habitait on ne sait quel coin
du monde ou quel tombeau lointain, Fulgens, qui ne se
rendait plus compte ni des âges, ni du temps, ni des
saisons, ni du lieu, Fulgens envoya à l'ancienne
adresse un précieux petit paquet. Ce petit paquet sans
doute fut dérobé en route ou perdu, car il ne revint
pas plus à son possesseur qu'il ne parvint à l'amie de
jadis. Le pauvre vieux maniaque comptait les jours et
les jours, en proie à une angoisse affreuse. Enfin,
après très longtemps, il perdit tout espoir : il
comprit qu'il n'aurait jamais de réponse. Il songea
simplement : « Je savais bien qu'ils n'étaient que
couleur de brique... ils n'étaient pas le papillon
pourpre qu'elle désirait... couleur de sang. »
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Un giorno, dopo aver considerato a
lungo la Tachyris Zarinda e la Tachyris Nero, farfalle
borneane di medie dimensioni di un bel rosso mattone
chiaro, e dopo essersi chiesto se potessero passare
per farfalle rosso sangue, decise di inviarle alla sua
vecchia amica. Fulgens, che non conosceva più l'età,
il tempo, la stagione o il luogo, inviò un piccolo e
prezioso pacco al vecchio indirizzo della donna che
dominava la sua vita con il suo aspetto infantile di
fragile e tirannica bambola, anche se era vecchia o
morta e viveva in chissà quale angolo del mondo o in
qualche tomba lontana. Questo piccolo pacco fu
probabilmente rubato durante il tragitto o andò perso,
perché non tornò al suo proprietario più di quanto non
fosse arrivato all'amico di un tempo. Il povero
vecchio maniaco contava i giorni e i giorni, in preda
a una terribile angoscia. Infine, dopo molto tempo,
perse ogni speranza: si rese conto che non avrebbe mai
ottenuto una risposta. Pensò semplicemente: “Sapevo
che erano solo color mattone... non erano la farfalla
rossa che lei voleva... color sangue”.
|
Il ne sortit plus et parut renoncer
à ses recherches. De plus en plus taciturne, il ne
parlait pas à son fidèle serviteur. Pendant des
heures, il contemplait, hébété, les papillons de sa
collection merveilleuse ; avec convoitise, son regard
se fixait sur les belles taches rouges ornant les
ailes de certains d'entre eux, et, avec son doigt,
par-dessus le verre du cadre, il frottait, il frottait
d'un air morne et insensé, comme s'il pouvait étendre
la tache et en recouvrir le papillon tout entier.
La nuit, après de courts sommeils, il se levait,
somnambulique. Peut-être le possédait-il et avait-il
oublié son existence, le magnifique, l'unique, le
splendide, le sanglant... peut-être l'avait-il
perdu... ou bien il ne savait plus où il l'avait
rangé. Mais il allait le retrouver, il allait chercher
longuement, patiemment, infiniment...
Et, après des recherches toujours infructueuses, il
s'asseyait en face de la lampe ou du feu, et, après
avoir longuement fixé la flamme ou la lueur, il
refermait ses paupières lasses et voyait danser,
ironique, irréel, sur la nuit dont momentanément il
s'aveuglait, un fantastique papillon rouge qui
voletait tournait, palpitait, et semblait un diablotin
ailé sur le flanc noir d'un vase antique.
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Non usciva più e sembrava aver
rinunciato alle sue ricerche. Sempre più taciturno,
non parlava al suo fedele servitore. Per ore e ore
guardava stordito le farfalle della sua meravigliosa
collezione; il suo sguardo si soffermava bramoso sulle
belle macchie rosse sulle ali di alcune di esse e con
il dito, sul vetro della cornice, sfregava e sfregava
con aria arcigna e sciocca, come se potesse spalmare
la macchia e ricoprirne l'intera farfalla.
Di notte, dopo brevi sonni, si alzava, sonnambulo.
Forse la possedeva e aveva dimenticato che esisteva,
la magnifica, l'unica, la splendida, la maledetta...
forse l'aveva persa... O forse non sapeva dove l'aveva
messo. Ma l'avrebbe trovata, l'avrebbe cercata a
lungo, pazientemente, all'infinito...
E, dopo ricerche sempre infruttuose, si sedeva davanti
alla lampada o al fuoco e, dopo aver fissato a lungo
la fiamma o il bagliore, chiudeva le palpebre stanche
e vedeva danzare, ironica e irreale, contro la notte
da cui era momentaneamente accecato, una fantastica
farfalla rossa che svolazzava, girava, svolazzava e
sembrava un folletto alato sul lato nero di un vaso
antico.
|
Ce fut par une
nuit de Noël, une belle nuit de lune et d'hiver, que
Fulgens devint tout à fait fou. Il se leva au milieu
de la nuit, halluciné, effrayant, en proie à une sorte
de rage dévastatrice. Il ouvrit tous les meubles,
étala toutes les planchettes, tira tous les tiroirs et
sortit peu à peu de leurs retraites tous les papillons
qu'il possédait. Comme il en possédait des quantités
innombrables, les cadres, à l'infini, comme de petits
cercueils, gisaient partout, sur tous les meubles, le
parquet, les divans, les tapis. Et, au milieu de cet
amoncellement étrange, Fulgens avait l'air d'un
profanateur de sépultures, d'un voleur de joyaux
funèbres. Les rubis, les saphirs, les émeraudes de
certaines grandes ailes, leurs ors brunis, leurs
topazes, leurs aigues-marines, leurs améthystes et
leurs turquoises, et aussi leurs métalliques satins,
leurs soies somptueuses d'azur ou de safran, leurs
velours noirs ou bleus de nuit, ou gris d'aube et de
crépuscule, leurs tulles, leurs broderies, leurs
paillettes, leurs gazes diaphanes, leurs cachemires
rayés et bariolés, leurs teintes éclatantes ou
fondues, leurs blancs de nacre ou de neige, de fleur
ou de brume impalpable, tout cela étincelait, ou
miroitait, ou brillait vaguement, sous les rayons de
la lune, qui se réfléchissaient dans les couvercles de
verre et de cristal, en les frappant de mille facettes
diamantées. Les royales et les minuscules momies
dormaient, insoucieuses du sacrilège, et ressemblaient
à ces pharaons puissants, ces reines, ces courtisanes,
qui voulurent être parés pour la mort aussi bien que,
vivants, pour la gloire ou l'amour. Et tous ces
morceaux de verre animés des couleurs qu'ils
recouvraient faisaient songer aux débris de quelque
gigantesque miroir où se seraient reflétés trop de
rêves.
|
|
Fu una notte di Natale, una bella
notte di luna invernale, che Fulgens impazzì
completamente. Si alzò nel cuore della notte,
allucinato, spaventato, in preda a una specie di
rabbia devastante. Aprì tutti i mobili, distese tutti
gli scaffali, tirò fuori tutti i cassetti e, a poco a
poco, tirò fuori tutte le farfalle che aveva. Avendo
innumerevoli farfalle, le infinite cornici, come
piccole bare, giacevano ovunque, su tutti i mobili, il
parquet, i divani e i tappeti. E in mezzo a questo
strano mucchio, Fulgens sembrava un tombarolo, un
ladro di gioielli funebri. I rubini, gli zaffiri e gli
smeraldi di certe grandi ali, i loro ori bruniti, i
topazi, le acquemarine, le ametiste e i turchesi, e
anche i loro rasi metallici, le loro sontuose sete
azzurre o zafferano, i loro velluti neri o blu notte,
o i grigi dell'alba e del tramonto, i loro tulli,
ricami e paillettes, le garze diafane, i cachemire
rigati e variegati, le tinte brillanti o fuse, i
bianchi di madreperla o di neve, di fiori o di nebbia
impalpabile, tutto scintillava, o luccicava, o
brillava vagamente, sotto i raggi della luna, che si
riflettevano nei coperchi di vetro e di cristallo,
colpendoli con mille sfaccettature di diamante.
Le mummie reali e minuscole dormivano, ignare del
sacrilegio, e assomigliavano a quei potenti faraoni,
regine e cortigiane che volevano essere adornati per
la morte tanto quanto volevano essere adornati, da
vivi, per la gloria o l'amore. E tutti quei pezzi di
vetro, animati dai colori che ricoprivano, ci
ricordavano i frammenti di un gigantesco specchio in
cui si erano riflessi troppi sogni.
|
Et Fulgens regardait d'un œil
hagard ce fantastique amas de dépouilles étincelantes.
Il croyait avoir déchiré l'éclatante tunique d'une
fée, et en avoir fait encadrer les morceaux et les
ornements découpés. Il se rappela aussi les jeux de
patience qui l'occupaient tout enfant pendant de longs
moments et, en face de ces carrés lumineux où
s'étalaient des taches diaprées couvertes elles-mêmes
de signes bizarres et de mystérieux hiéroglyphes, il
se frappa le front. Comment n'y avait-il pas pensé ?
Il fallait chercher à reconstituer, avec ces carrés,
un mot, une image, une forme, il ne savait pas quoi
exactement, mais ce serait quelque chose de miraculeux
qui calmerait toutes ses angoisses, lui apprendrait où
se trouve le papillon pourpre, quelque chose enfin qui
signifierait : repos, félicité, amour, certitude...
Il fouilla fébrilement dans le tas chatoyant et froid;
il forma avec les petits cadres quelques dessins, des
croix, des losanges, et une lettre. La première lettre
du nom chéri de l’ingrate être bien-aimée. Puis il
renonça brusquement à son projet puéril et laissa
retomber le cadre qu'il tenait dans sa main. Un
immense papillon y dormait, semblait-il, pour
toujours, dans un éblouissement fixé d'azur, de saphir
et d'émeraude. Fulgens le jeta sur le plancher avec
horreur; la vitre se fêla.
|
|
Fulgens guardò stancamente questo
fantastico ammasso di resti scintillanti. Pensava di
aver strappato la tunica lucente di una fata e di
averne incorniciato i pezzi e gli ornamenti
ritagliati. Ricordò anche i giochi di pazienza che lo
avevano occupato a lungo da bambino e, di fronte a
questi quadrati luminosi dove macchie diafane si
coprivano di strani segni e misteriosi geroglifici, si
batté la fronte. Come aveva fatto a non pensarci? Non
sapeva esattamente cosa, ma sarebbe stato qualcosa di
miracoloso che avrebbe calmato tutte le sue ansie, che
gli avrebbe insegnato dov'era la farfalla rossa,
qualcosa che avrebbe significato riposo, felicità,
amore, certezza...
Frugò febbrilmente nella pila fredda e scintillante,
usando le piccole cornici per fare alcuni disegni,
croci, losanghe e una lettera. La prima lettera del
nome caro dell'ingrato amato. Poi rinunciò bruscamente
al suo progetto infantile e lasciò cadere la cornice
che teneva in mano. Un'immensa farfalla dormiva lì,
sembrava, per sempre, in un abbaglio fisso di azzurro,
zaffiro e smeraldo. Fulgens lo gettò a terra con
orrore; il vetro si ruppe.
|
Et Fulgens parla, cria, hurla des
choses insensées, arracha ses cheveux gris, tordit ses
vieilles mains, et piétina l'amoncellement de ces
trésors qui lui avaient été si chers. Il s'adressait à
ces papillons qui avaient été toute sa vie, il leur
parlait comme si lui-même, lui seul, les avait tous
chassés, poursuivis, atteints, transpercés, embaumés'
dans une prison funéraire, et leur disait : «
Papillons ! Papillons ! vous que j'ai tués pour
l'amour d'elle, n'êtes-vous pas tous les instants
joyeux, les beaux instants insoucieux vécus dans la
libre lumière qui auraient pu embellir mes jours si je
ne l'avais pas aimée ? Pour l'amour d'elle, je vous ai
mis au tombeau. Ô vous, d'autant plus beaux, plus
magnifiques, que vous êtes éphémères, j'ai éternisé
votre splendeur immobile, faite pour errer, planer et
s'étendre comme une lueur vivante, comme une étoile
fugitive. De la vie, de la liberté, de la beauté, de
la joie, voilà ce que j'ai emprisonné dans la mort
pour l'amour d'elle. Que n'aurais-je fait pour elle ?
Si elle l'avait exigé, non seulement je vous aurais
tués, mais torturés, j'aurais coupé vos ailes
vivantes, crevé longuement vos corps de velours,
piétiné vos fragilités aériennes.
|
|
E Fulgens parlò, gridò, urlò cose
folli, si strappò i capelli grigi, strinse le sue
vecchie mani e calpestò il mucchio di tesori che gli
erano stati tanto cari. Parlava alle farfalle che
erano state tutta la sua vita, come se lui, lui solo,
le avesse cacciate tutte, inseguite, colpite,
trafitte, imbalsamate in una prigione funeraria, e
dicesse loro: “Farfalle! Farfalle! voi che ho ucciso
per amore di lei, non siete forse tutti i momenti
gioiosi, i bei momenti spensierati vissuti nella
libera luce che avrebbero potuto abbellire i miei
giorni se non l'avessi amata? Per amor suo, ti ho
messo nella tomba. O tu, tanto più bella, tanto più
magnifica, perché sei effimera, ho eternato il tuo
splendore immobile, fatto per vagare, scivolare e
diffondersi come una luce viva, come una stella
fugace. Vita, libertà, bellezza, gioia, ecco cosa ho
imprigionato nella morte per amor suo. Cosa non avrei
fatto per lei? Se l'avesse preteso, non solo vi avrei
ucciso, ma vi avrei torturato, avrei tagliato le
vostre ali vive, avrei sventrato a lungo i vostri
corpi vellutati, avrei calpestato la vostra aerea
fragilità.
|
Ô papillons, papillons, que
n'aurais-je fait pour elle, pour conquérir sa jeunesse
et sa tendre grâce ! Et où est-elle maintenant, où ?
C'est son amour qui était le papillon rouge, le
papillon insaisissable, ce qu'on cherche à jamais, ce
que l'on n'atteint pas, ce pourquoi l'on commet toutes
les folies, ce pourquoi l'on commettrait des crimes. Ô
papillons, il ne me reste qu'à mourir ! Mais
auparavant, je veux vous rendre votre liberté.
Levez-vous, victimes de mon rêve. Momies de mes
désirs, sortez de vos tombes. Songes endormis,
reprenez votre essor interrompu ; chimères éternelles,
un instant captives, reprenez votre vol décevant à
travers l'espace. Allez leurrer d'autres âmes. Allez
faire croire à des désirs naïfs que, lorsqu'on vous a
capturés, on tient dans sa main frémissante une
parcelle de l'infini. Allez ! allez ! allez ! »
Et, prenant les boîtes légères, il les heurtait, les
cassait aux meubles et aux murs comme des œufs, les
lançait contre le parquet et les fenêtres, les brisait
au marbre de la cheminée et s'ensanglantait les mains
aux coupants débris.
|
|
O farfalle, farfalle, cosa non
avrei fatto per lei, per conquistare la sua giovinezza
e la sua tenera grazia! E dov'è ora, dove? Era il suo
amore la farfalla rossa, la farfalla sfuggente, quella
che cerchiamo per sempre, quella che non raggiungiamo,
quella per cui commettiamo tutte le follie, quella per
cui commetteremmo dei crimini. O farfalle, non mi
resta che morire! Ma prima voglio liberarvi. Alzatevi,
vittime del mio sogno. Mummie dei miei desideri,
risorgete dalle vostre tombe. Sogni addormentati,
riprendete il vostro volo interrotto; eterne chimere,
per un momento prigioniere, riprendete il vostro
deludente volo nello spazio. Andate ad attirare altre
anime. Andate a far credere agli ingenui desideri che,
una volta catturati, avete un pezzo di infinito nella
vostra mano tremante. Vai, vai, vai!
E, raccogliendo le scatole luminose, le sbatté come
uova contro i mobili e le pareti, le scagliò contro il
parquet e le finestre, le frantumò contro il marmo del
camino e si insanguinò le mani con i detriti
taglienti.
|
Mais il s'arrêta, muet, immobile, à
la fois épouvanté, curieux, angoissé. Une grande
fenêtre était ouverte; les lumières éteintes ; et un
clair de lune de jade et d'argent, métincelant et
glacé, pénétrait dans la pièce en désordre. Or,
Fulgens vit distinctement ceci : de la boîte qu'il
avait brisée, un immense papillon sortait comme d'une
seconde chrysalide, et intact, vivant, large, clair,
montait vers la lune, la lune dont il avait la couleur
de verdâtre neige et, au coin des ailes, la tache
astrale. Fulgens reconnut l'Actias Selené, un des plus
beaux parmi les plus beaux.
Et comme si l'Actias avait donné à ses frères captifs
le signal de la liberté, des débris épars, des boîtes
ouvertes, un palpitement confus grandit, se précisa,
s'étendit. Et quelques-uns s'envolèrent encore par la
fenêtre ouverte. |
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Ma si fermò, silenzioso, immobile,
allo stesso tempo spaventato, curioso e ansioso. Una
grande finestra era aperta; le luci erano spente; e
una luce lunare di giada e d'argento, scintillante e
gelida, penetrava disordinatamente nella stanza.
Fulgens lo vide chiaramente: dalla scatola che aveva
rotto, un'immensa farfalla emerse come da una seconda
crisalide, e intatta, viva, grande e chiara, salì
verso la luna, la quale aveva il colore della neve
verdastra e, all'angolo delle ali, la macchia astrale.
Fulgens riconobbe l'Actias Selené, una delle più belle
tra le più belle.
E come se Actias avesse dato ai suoi fratelli
prigionieri il segnale di libertà, dai detriti sparsi,
dalle scatole aperte, un palpito confuso crebbe,
divenne più chiaro, si diffuse. E qualche altro volò
fuori dalla finestra aperta.
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Fulgens les reconnaissait un à un
lorsqu'ils s'élançaient dans la clarté pure : diurnes
ou nocturnes, nés dans les pays très chauds et dans a
de lointaines contrées, sans souci de l'heure et du
froid glacial, ils partaient, réveillés magiquement de
leur sommeil immobile. Il vit s'envoler l'Urania
Ripheus aux reflets d'arc-en-ciel et qui lui frôla la
joue de son aile nuancée; il vit briller l'argent brun
wdu métallique Dione Moneta qui vient de Colombie, et
frémir le Cyrestis Todamas qui vient de l'Inde et dont
les ailes semblent faites de légères toiles
d'araignées; il vit passer le Megalura Coresia dont
les ailes sont rayées de sombre et de blanc pur, et le
velours noir-vert de l'Urania Fulgens qui portait son
nom ; il distingua même, filant comme une étincelle
rouge et verte, le minuscule Elymnias Mimalon et le
bleuâtre Potamorpha Manlia et l'Antherea Helfri aux
grandes ailes ocellées et semblable à quelque morceau
de nuit criblé d'astres; et tous les innombrables
Sphinx et les Héliconius de l'Amérique du sud que l'on
dit venimeux, et tous les grands Morpho, aux bleus
chatoiements, et, enfin, l'énorme, l'introuvable
Papilio Homerus.
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Fulgens li riconobbe uno per uno
mentre si libravano nella luce pura: di giorno o di
notte, nati nei paesi più caldi e in terre lontane,
senza badare all'ora o al freddo gelido, si misero in
cammino, magicamente risvegliati dal loro sonno
immobile. Vide Urania Ripheus, dai colori
dell'arcobaleno, spiccare il volo e sfiorargli la
guancia con le sue ali sfumate; vide Dione Moneta,
dalla Colombia, brillare di un marrone argenteo e
metallico, e Cyrestis Todamas, dall'India, fremere con
le sue ali che sembravano fatte di leggere
ragnatele; vide passare la Megalura Coresia, con
le sue ali striate di bianco scuro e puro, e il
velluto nero-verde dell'Urania Fulgens che portava il
suo nome; riuscì persino a scorgere, che ruotavano
come uno scintillio rosso e verde, la minuscola
Elymnias Mimalon e la bluastra Potamorpha Manlia e
l'Antherea Helfri con le sue grandi ali ocellate e che
assomigliava a un pezzo di notte crivellato di stelle;
e tutti gli innumerevoli Sphinx e Heliconius del Sud
America, che si dice siano velenosi, e tutti i grandi
Morpho, con il loro luccichio blu, e, infine, l'enorme
e introvabile Papilio Homerus.
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Mais le vieil instinct du
collectionneur se réveilla soudain brusquement. Voyant
son bel Homérus qu'il était si fier de posséder le
fuir aussi, Fulgens ferma rapidement la fenêtre et
alla tomber sur son divan, ne sachant s'il avait rêvé,
pressant son front de ses mains et n'osant presque
plus regarder dans la chambre.
Des cercueils saccagés, les papillons s'élevaient
toujours avec un imperceptible bruit vague, vaste et
mou qui se renforçait toujours et finissait, à cause
de leur nombre, par se préciser en bruits d'ailes.
Fulgens vit tournoyer dans la chambre l'immense et
sombre Attacus Atlas et l'Actias Ningpoana, chinois
aux longues queues déliées, et l'énorme Thysania
Agrippina qui a vingt-cinq centimètres d'envergure et
qui est couleur de l'ombre. |
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Ma il vecchio istinto del
collezionista si risvegliò all'improvviso. Vedendo la
sua bella Homerus, che era così orgogliosa di
possedere, fuggire anche da lui, Fulgens chiuse
rapidamente la finestra e si accasciò sul divano,
senza sapere se avesse sognato, premendosi la fronte
con le mani e osando a malapena guardarsi intorno.
Dalle bare saccheggiate, le farfalle si alzavano
sempre con un rumore impercettibile, vago, vasto e
sommesso, che si rafforzava sempre di più e finiva, a
causa del loro numero, per diventare più preciso nel
suono delle ali. Fulgens vedeva vorticare nella stanza
l'enorme e scuro Attacus Atlas e la cinese Actias
Ningpoana, con le loro lunghe code sciolte, e l'enorme
Thysania Agrippina, con un'apertura alare di
venticinque centimetri e il colore dell'ombra.
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Il vit l'Ornithoptera Cassandra
qu'il considérait comme le plus beau de tous les
papillons et qui est noir et vert comme les forêts de
Sumatra où il est né ; et le Brahmaea Conchifera
couleur de cuivre et couvert de signes bizarres, de
mystérieux caractères inconnus et que nul n'a jamais
compris. Et puis il en voltigea, il en erra, il en
palpita tant et tant que Fulgens ne sut plus les
distinguer ni les reconnaître. Ils formaient une sorte
de nuage toujours grossissant dont l'homme finit par
s'épouvanter. Il aurait voulu se lever et ouvrir de
nouveau cette fenêtre pour que tous ces papillons
innombrables s'envolassent et que lui pût enfin
respirer. Il parvint à grand-peine à la croisée ; la
nuée vivante, un instant refoulée par lui, se
reformait, ténébreuse, houleuse, impénétrable, Fulgens
ne put regagner son divan ; il tomba par terre,
étendu.
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Vide l'Ornithoptera Cassandra, che
considerava la più bella di tutte le farfalle e che è
nera e verde come le foreste di Sumatra dove è nata; e
la Brahmaea Conchifera, color rame, ricoperta di
strani segni, caratteri misteriosi che nessuno ha mai
capito. E poi svolazzava, vagava, palpitava così tanti
di loro che Fulgens non riusciva più a distinguerli né
a riconoscerli. Formavano una specie di nuvola sempre
più grande che alla fine spaventò l'uomo. Voleva
alzarsi e riaprire la finestra per far volare via
tutte quelle farfalle e poter finalmente respirare.
Con grande difficoltà raggiunse la finestra; la nube
vivente, per un attimo ricacciata da lui, si riformò,
scura, tempestosa, impenetrabile, e Fulgens non riuscì
a tornare al suo divano; cadde a terra, disteso.
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Devant la fenêtre
ouverte, de larges ailes se rejoignaient toutes,
étalées, suspendues, interceptant les rayons lunaires
et, sombres et remuantes, ressemblaient au reflet,
mouvant sur une vitre, d'un feuillage qu'agite un
grand vent. Et, comme un étouffant linceul de velours,
les mille autres papillons se posant sur le corps de
Fulgens le recouvrirent tout entier. Il sentit sur son
visage se poser un masque doux et velu impossible à
arracher. Il comprit que c'était la mort souhaitée. Il
s'endormit doucement sous les ailes meurtrières qu'il
avait tant aimées, en murmurant le doux nom de son
amie, et le mot de « papillon ».
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Davanti alla
finestra aperta, le ampie ali si riunirono tutte
insieme, distese, sospese, intercettando i raggi della
luna e, scure e in movimento, somigliando al riflesso,
in movimento su una lastra di vetro, del fogliame
agitato da un forte vento. E, come un soffocante
sudario di velluto, le mille altre farfalle che si
posarono sul corpo di Fulgens lo ricoprirono
completamente. Sentì sul viso una maschera morbida e
pelosa, impossibile da strappare. Sapeva che era la
morte che voleva. Si addormentò dolcemente sotto le
ali assassine che aveva tanto amato, mormorando il
dolce nome del suo amico e la parola “farfalla”.
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Au matin, dans la chambre dévastée,
parmi l'amoncellement des boîtes ouvertes et cassées,
le fidèle serviteur trouva le vieux Fulgens mort. Il
n'y avait plus un seul vestige de papillon dans leurs
blancs petits sépulcres ! Seuls, les débris de verre
miroitaient comme du givre dans la grande pièce
glaciale; et Fulgens semblait endormi. Cette mort, à
bon droit, ayant paru singulière, on voulut ouvrir le
corps de Fulgens et tâcher de savoir ainsi ce qui
avait causé sa fin. Mais les deux savants chirurgiens
qui firent cette autopsie n'avouèrent jamais qu'ils
avaient vu - ayant sans doute palpité avec les
battements de la vie - un grand papillon couleur de
pourpre, étendu dans ce pauvre cœur. |
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Al mattino, nella stanza devastata,
tra i cumuli di scatole aperte e rotte, il fedele
servitore trovò le vecchie Fulgen morte. Non c'era più
una sola traccia di farfalla nei loro piccoli sepolcri
bianchi! Solo i frammenti di vetro luccicavano come
brina nella grande stanza gelida, e Fulgens sembrava
addormentato. Questa morte sembrava giustamente
singolare, così vollero aprire il corpo di Fulgens e
cercare di scoprire cosa avesse causato la sua morte.
Ma i due dotti chirurghi che eseguirono l'autopsia non
ammisero mai di aver visto - avendo senza dubbio
pulsato con il battito della vita - una grande
farfalla color porpora, distesa su quel povero cuore.
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